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1918-1938
Symbole de l'Alsace et de ses revendications face à Paris



En 1916, en Haute-Alsace reconquise par les Français, Pierre Loti, dans L’Illustration est frappé à la vue de " ces drapeaux français et de ces drapeaux d’Alsace blancs et rouges qui jaillissent spontanément comme par magie des fenêtres ouvertes ". Les brassards des hommes, chargés par le comité exécutif du "Nationalrat" du maintien de l’ordre, sont rouges et blancs.

 

  Deux dessins de l'illustrateur Hansi, engagé pendant la guerre de 1914 dans les troupes françaises. On note la présence de drapeaux alsaciens-lorrains, c'est à dire avec la croix de Lorraine.

 


En 1918, les autorités françaises font comprendre aux Alsaciens qu'il serait souhaitable de mettre le drapeau alsacien de côté, car il porte ombrage au drapeau tricolore qui ne supporte pas "cette concurrence" dans les coeurs. Raison de plus pour Rapp, Ley et Muth, fondateurs du Comité Exécutif de la République d'Alsace-Lorraine en avril 1919, de l’adopter comme emblème.

Les retrouvailles avec la France prennent vite un goût amer. Les Alsaciens habitués depuis des siècles à une certaine indépendance sont confronté à une république française centralisée. En outre, plus de 90% des Alsaciens ne parlent l'Alsacien (et son expression écrite, l'allemand standard) mais pas le français. Paris décide une politique d'assimilation brutale et attaque de front le droit local alsacien.

 

 

Il n'en faut pas plus pour que les drapeaux Rot un Wiss réapparaissent alors. On le voit partout, comme en 1922, à l’occasion de grèves générales des cheminots Alsaciens-Lorrains. Il réapparaît encore lors d’un grand meeting communiste à Strasbourg, la foule brandit des Rot un Wiss dans la salle comble, et Charles Hueber, le futur maire de la ville, de lancer cet avertissement : " Oui, voici nos couleurs, celles que nous sortions toujours en guise de protestation contre le système prussien. Nous ne les avons pas encore arborées contre la France, mais cela pourrait venir ! "

Michel Walter, député centriste, et la Ligue des Catholiques déposent une couronne rouge et blanche au pied de la statue de Kléber, lors des manifestations monstres de juillet 1924 contre les lois laïques. Le 22 août 1926, lors du "blutiger Sonntag", en tête du cortège des autonomistes et des communistes réunis, c’est le Rot un Wiss qui est déployé. Lors du procès de Colmar en 1928, des conscrits arrachent le bleu du drapeau tricolore en signe de protestation et pour affirmer leur solidarité avec les accusés.

 

       Affiche électorale autonomiste:
"Pour la patrie et le peuple, contre la haine et l'injustice, pour la paix et le droit"

 

 

Le drapeau alsacien deviendra évidemment le symbole par excellence des Alsaciens de tous les bords, des centristes, aux cléricaux en passant par les radicaux et les indépendantistes. Il sera de toutes les luttes pour l'autonomie régionale : libération du baron Zorn v. Bulach emprisonné (il est distribué à la foule qui attend devant la prison), campagne électorale de 1928, durant le procès de Colmar, lors des meeting au Sängerhüss (Palais des fêtes de Strasbourg)...

Il sera également adopté par l'association des jeunes centristes alsaciens  fondée par Rossé, Sturmel et l’abbé Zemb en 1931.  Le 24 octobre 1933, les catholiques alsaciens, en lutte contre la politique anticléricale française, décorent la tribune de la salle du meeting avec des drapeaux rouges et blancs frappés d’une croix de Lorraine jaune. Et même, en 1936, il sera brandi, à côté du drapeau rouge, dans les manifestations et les défilés des ouvriers en lutte.

La seconde guerre mondiale arrive et trente ans après l'annexion de l'Alsace par la France, l'Allemagne nazie annexe à son tour l'Alsace.

 

       Mai 1936, le Front Populaire: les Alsaciennes défilent le poing levé, drapeau Rot un Wiss à côté drapeau rouge